Que fait Jay-Z au siège des Nations Unies à Nairobi ?
Franchement, aucune idée. Peut-être cherche-t-il à poser un couplet sur la réhabilitation des infrastructures urbaines ? Ou alors, il est venu voir si la « concrete jungle » de Empire State of Mind avait une succursale en Afrique ? En tout cas, Sakaja Johnson, Gouverneur du comté de Nairobi, a décidé de l’inviter dans son discours en lâchant une citation du rappeur en pleine cérémonie d’ouverture de UrbanShift Africa 2025.
Un sommet sur l’urbanisme durable avec une punchline de Jay-Z, comme si le développement des villes africaines devait absolument passer par un featuring avec Brooklyn. J’ai attendu qu’un DJ apparaisse derrière le pupitre pour mixer la suite du discours, mais à la place, on a eu droit à une discussion sérieuse et passionnante sur la résilience urbaine, l’inclusion et l’innovation.
Le gouverneur Sakaja Johnson a particulièrement marqué les esprits en déclarant : nous avons ici parmi vous, chers participants, une galerie de rendu des efforts qui « pavent la voie » de villes africaines future-proofed. Une métaphore puissante qui souligne l’engagement collectif pour des métropoles résilientes et adaptées aux défis de demain.
Mais le moment le plus marquant n’était-il pas le speech de Mme la maire Yvonne Aki-Sawyerr OBE, qui a repris Jay-Z avec une intensité saisissante : « The question is not who’s gonna let me. The question is who’s gonna stop me. » Une déclaration forte qui résonne dans le contexte africain, où la transformation urbaine doit dépasser les obstacles pour tracer la voie vers un avenir durable.
Aux côtés de Mustapha El Alaoui Hassani, Chef de Division Accompagnement des Investisseurs au Centre Régional d’Investissement Marrakech – Safi, j’ai eu l’honneur de participer à ce forum majeur dédié à la transformation urbaine durable en Afrique. Cet événement, tenu au siège des Nations Unies à Nairobi, a rassemblé des représentants de gouvernements, d’institutions financières, d’organisations de la société civile, d’universités et du secteur privé. Mustapha a accepté d’écrire cet article avec moi, à ses risques et périls.
Loin de nos premiers ancêtres et de leurs habitats naturels, l’humanité a progressivement coupé le lien qui l’unissait à la nature. Pourtant, à travers UrbanShift, nous nous retrouvons à questionner cette rupture et à explorer les moyens de reconnecter nos villes à leur environnement originel. Il ne s’agit pas simplement d’écologie, mais d’une véritable réminiscence de notre maison mère, la nature.
La Vallée du Rift, surnommée « berceau de l’humanité », est le lieu où les premiers hommes ont émergé. Ici repose le plus vieil hominidé découvert à ce jour, le « garçon de Turkana », bien antérieur à Lucy. Ce retour aux racines, dans un forum dédié à l’avenir urbain, donne une résonance toute particulière à notre mission : réconcilier nos villes avec la nature et réapprendre à bâtir en harmonie avec notre environnement.
Les discours ont tracé la voie vers des villes plus vertes, inclusives et prospères, réaffirmant la nécessité d’une action collective et coordonnée pour relever les défis environnementaux et sociaux liés à l’urbanisation.
Il est essentiel de se rappeler que l’Organisation des Nations Unies est née du malheur des hommes, au cœur de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, son siège historique à Nairobi accueille l’espoir des villes unies, celles du C40, déterminées à construire un urbanisme durable. Un urbanisme qui ouvre les portes du futur aux enfants d’Afrique, qui représenteront un quart de la population mondiale en 2050. Leur avenir dépendra en grande partie de la capacité de nos villes à générer des emplois en adéquation avec les défis climatiques et environnementaux. Car le premier secteur d’opportunités pour ces générations futures sera, sans aucun doute, celui de la transition écologique.
Notre participation à cet événement nous conforte dans l’idée que le Maroc, à travers ses initiatives en matière de développement urbain durable, a un rôle clé à jouer dans cette dynamique. L’échange d’expériences entre pays africains est une opportunité précieuse pour accélérer la transition vers des villes intelligentes et résilientes, en valorisant les spécificités locales et les synergies régionales.
Mais au final, la vraie question reste : est-ce que Jay-Z sait seulement qu’il a été la star involontaire de ce sommet ?