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“Atlas et l’héritage de l’hospitalité du Haouz” (Episode 2)

Dans mon précédent article, j’évoquais la force des porteurs de projets rencontrés lors de la deuxième étape du programme CESAR II, mais j’ai omis de rendre pleinement hommage à ceux qui, en coulisses, rendent possible de tels moments. Je parle des présidents d’associations locales, des autorités, des responsables et des acteurs institutionnels. Ces hommes et femmes, par leur dévouement et leur esprit de collaboration, ont fait de cette étape bien plus qu’une simple caravane d’accompagnement. Ils ont transformé ce passage en un véritable moment de communion, où l’hospitalité prend tout son sens et devient le ciment de chaque échange, de chaque ambition.

Ce sens de l’hospitalité, profondément ancré dans les terres du Haouz, me ramène à une légende ancienne qui semble avoir infusé cette région d’un héritage particulier.

On raconte qu’Hercule, après avoir accompli ses douze travaux légendaires, posa un jour pied au Maroc, à la recherche de repos. Épuisé par ses exploits, il survolait la région sur Pégase, son destrier ailé, lorsqu’il croisa le chemin d’un titan monumental. Hercule, fidèle aux lois sacrées de l’époque, demanda humblement l’hospitalité. Mais le titan, empli d’orgueil, refusa. Il ne voyait en Hercule qu’un intrus et décida d’engager les hostilités.

Le combat fut épique, mais Hercule, usant de sa ruse légendaire, sortit la tête coupée de Méduse, cette créature dont le regard transformait tout être vivant en pierre. Il orienta la tête vers le titan, et ce dernier fut pétrifié, figé à jamais dans une pose de défi. Ce titan, selon la légende, était Atlas, qui devint alors la chaîne de montagnes majestueuse que nous connaissons aujourd’hui.

Depuis ce jour, raconte-t-on, cette région porte en elle une leçon profonde : celle de l’hospitalité. Peut-être pour conjurer la malédiction d’un refus qui a marqué les pierres à jamais, les habitants et acteurs locaux de ces terres veillent à faire de l’accueil une vertu, presque un art sacré.

Deux leçons émergent de cette légende et de ce que j’ai observé à travers notre expérience dans le Haouz. La première est celle de l’hospitalité comme pilier de nos communautés. Ces présidents d’associations, ces autorités locales, ces responsables institutionnels, qui œuvrent main dans la main pour accueillir nos équipes et les porteurs de projets, incarnent cette vertu avec un sens du devoir et une chaleur humaine incomparables.

La seconde est celle de notre identité marocaine. Nous sommes une terre de récits, où se mêlent les contes de nos ancêtres et les histoires venues d’ailleurs. Atlas, Hercule, Méduse… Ces récits, bien qu’étrangers, trouvent ici un écho dans nos montagnes, nos villages et notre imagination. Ils rappellent que le Maroc est à la fois une source d’inspiration unique et un réceptacle ouvert aux légendes du monde.

Au Haouz, et dans toutes les régions où nous intervenons, nous voyons se tisser cette double identité : celle d’un Maroc enraciné dans son authenticité et d’un Maroc universel, où chaque rencontre, chaque projet, et chaque geste d’hospitalité raconte une histoire qui nous relie les uns aux autres.