(Plongée dans les opportunités et défis d’un secteur en pleine évolution.)
Pendant longtemps, le référencement naturel (SEO) a été l’arme maîtresse de la distribution digitale, permettant aux offres touristiques de dominer les premières pages de Google et, par là, d’être visibles et accessibles à des millions d’internautes. Grâce à une stratégie bien pensée, un hôtel, une agence de voyages ou même une région pouvait capter l’attention de voyageurs potentiels en répondant à des recherches simples mais ciblées comme “meilleurs riads à Marrakech” ou “circuits désert au Maroc”.
Mais ce paysage est en train de changer. Avec l’émergence des assistants IA comme ChatGPT, Gemini et Alexa, la recherche devient vocale, conversationnelle et souvent plus intuitive. L’utilisateur ne se contente plus de saisir une suite de mots-clés dans une barre de recherche ; il pose des questions complexes, attend des réponses rapides et personnalisées, et interagit avec des systèmes capables de suggérer des idées adaptées à ses besoins.
Et c’est ici que réside une double révolution. D’un côté, le SEO traditionnel, qui consistait à se battre pour figurer sur la première page de Google, évolue vers une optimisation pour ces nouveaux assistants vocaux. Les règles changent : il ne s’agit plus seulement de créer du contenu visible par des algorithmes de moteurs de recherche, mais de structurer des informations claires, riches et adaptées à des systèmes capables de répondre directement à des requêtes comme :
•“Je n’ai pas très envie de courir, que puis-je faire en 3 jours à Marrakech ?”
•“Quels sites culturels visiter près d’Agadir sans louer de voiture ?”
De l’autre, cette transformation offre une opportunité unique de refonder la distribution de l’offre touristique marocaine. Pourquoi ne pas profiter de cette transition pour structurer un contenu qui va au-delà de la visibilité immédiate et qui s’inscrit dans une stratégie plus inclusive ? Par exemple, pourquoi ne pas intégrer les régions rurales, souvent absentes des plateformes globales, dans ces nouvelles réponses automatisées ? Pourquoi ne pas valoriser les offres des coopératives artisanales, des guides locaux ou des hébergements alternatifs via ces assistants ?
Les questions, cependant, ne s’arrêtent pas là. Que répondrait ChatGPT à une question aussi simple que “Je veux passer un week-end en famille dans la région de Fès, que me conseillez-vous ?” ? Quelles sources utilise-t-il pour formuler ses recommandations ? Ces assistants s’appuient-ils sur des données fiables et actualisées ? Ce sont des interrogations essentielles, particulièrement pour les présidents des associations professionnelles comme la FNRT, la FNAVM ou les CRT. L’avenir de la distribution touristique numérique marocaine dépendra en grande partie de la capacité de ces acteurs à collaborer pour centraliser et enrichir des données accessibles aux nouveaux outils IA.
À ce sujet, une question se pose à M. Achraf Fayda et à ses équipes de l’ONMT, qui, dans leur tournée régionale récemment inaugurée à Marrakech, ont mis au défi les territoires de relever un challenge créatif : comment cette initiative peut-elle intégrer cette révolution numérique, où la structuration des données et l’optimisation pour les assistants IA sont désormais des clés de succès incontournables ? Est-ce l’occasion d’enrichir le contenu digital marocain tout en connectant les régions et leurs particularités à ces nouveaux écosystèmes vocaux ?
La clé réside dans la structuration et l’accessibilité. En centralisant les informations sur une plateforme nationale, les acteurs marocains du tourisme – qu’ils soient publics ou privés – peuvent s’assurer que les réponses fournies par ces assistants reflètent une image fidèle et diversifiée de l’offre nationale. Ce serait également une chance d’inclure des contenus multilingues, répondant aux besoins des utilisateurs francophones, anglophones et arabophones, tout en valorisant l’identité culturelle Amazigh dans une approche inclusive.
La question n’est donc plus seulement comment apparaître dans les résultats, mais plutôt comment devenir la source privilégiée des nouvelles interfaces conversationnelles. Il ne suffit pas d’exister dans cet écosystème en mutation : il faut s’assurer que l’ensemble des acteurs – hôteliers, transporteurs, artisans, coopératives, CRT – travaille à construire une présence numérique qui reflète toute la richesse et la diversité du Maroc.
Et vous, chers lecteurs, que pensez-vous des réponses fournies par ces assistants vocaux ? Êtes-vous prêts à devenir les architectes des nouvelles bases de données qui guideront demain les voyageurs ? La révolution vocale est déjà en marche. Reste à savoir si nous voulons simplement la suivre ou contribuer à écrire ses règles.