Notre seigneur vous dit : que Dieu vous assiste.
Notre seigneur vous dit : que Dieu vous mette sur le droit chemin.
Notre seigneur vous dit : que Dieu vous agrée.
Ce sont là les paroles que nous entendrons demain à Tétouan, au cœur du Mishwar, alors que s’avancera lentement le cortège royal. Ces formules anciennes, scandées avec gravité, ne sont pas que des mots : elles sont un souffle. Celui d’un pacte millénaire entre le Trône et le peuple. Un souffle qui traverse les siècles et, pour la troisième année consécutive, m’invite à y prendre humblement part.
Le Maroc célèbre aujourd’hui la Fête du Trône. Une fête tissée de fidélité et d’espérance. Le discours royal d’hier soir, clair et fédérateur, nous a rappelé que la stabilité d’un pays ne tient pas seulement à ses institutions et ses réformes, mais à la confiance réciproque qui lie ceux qui gouvernent et ceux qui œuvrent.
À cette confiance répond, chaque 31 juillet, un geste. Une marche. Une présence.
Demain, je marcherai aux côtés de femmes et d’hommes venus des douze régions du Royaume. Parmi eux, des doyens, des figures, des bâtisseurs discrets. Peut-être suis-je l’un des plus jeunes de cette délégation. Mais sûrement l’un des plus reconnaissants. Car être appelé à se tenir là, dans cette ligne silencieuse de fidélité, ce n’est pas recevoir un honneur personnel, c’est porter un lien : celui qui nous relie à notre histoire, à notre Roi, et à ce Maroc qui se transmet.
L’allégeance – al-bay‘ah – est une manière de dire “nous sommes là” : présents, rassemblés, unis. Elle s’incarne sur le Mishwar, ce parvis où le temps se suspend. Les visages demeurent calmes. Le silence règne. Puis les trompettes retentissent. Le cortège royal s’avance. Le Souverain paraît, entouré de dignité. Il salue les couleurs, les régions, les représentants. Et face à lui, une multitude alignée s’incline. À chaque invocation, une réponse. À chaque bénédiction, un engagement. Tout est dit, sans discours.
À ma fille, j’aimerais dire ceci, sans peser, sans expliquer : Gal likoum Sidi… Allah yerdi 3likoum. Ce vœu prononcé demain par la voix d’un serviteur, dans un cérémonial ancien, m’accompagnera dans le silence de ma marche. Et en secret, je le lui dédierai. Que Dieu te bénisse, que Dieu t’agrée, que Dieu te garde sur le droit chemin. Tu es d’une génération qui ne se satisfait pas des traditions. Et tu as raison. Mais je crois que certaines d’entre elles, à force d’être comprises, deviennent des forces tranquilles. Tu es née dans une époque de vertiges. Puisses-tu, un jour, reconnaître dans ces gestes anciens les racines qui rendent le feuillage plus vaste, plus libre, plus vivant.
Aux jeunes de notre communauté, à l’EBF comme dans l’Instance Consultative de la Jeunesse de la région, et à tous ceux que je croise avec admiration dans les cercles d’engagement, d’entrepreneuriat ou de création, je vous transmets quelque chose, humblement, depuis le pied du Trône. Je vous transmets le souffle d’un rituel qui nous dépasse mais ne vous exclut pas. Car vous êtes, à travers votre talent, votre curiosité, votre imaginaire, le présent vivant qui relie ce que nous avons été à ce que nous pouvons devenir, dans la fidélité, Al Walae.
L’allégeance est un passage. Vous êtes déjà, sans le savoir, les tisserands d’un pont entre la mémoire et l’audace. Puissiez-vous y marcher sans crainte, avec style et avec sens.
Et à mes collègues, associés, partenaires dans les institutions, les entreprises, les territoires, je veux redire cette conviction : le Maroc érige, autour de la vision royale, un édifice de souveraineté, de progrès et de continuité. Notre responsabilité est de le consolider, d’y contribuer avec exigence, et de continuer, ensemble, à en élever les lignes. Que chacun, dans son domaine, dans son champ d’action, fasse honneur à cette architecture du vivre-ensemble.
Demain, nous marcherons sous la lumière, vêtus de blanc, au rythme d’un cérémonial millénaire. Nous tiendrons debout, alignés dans le silence, portés par la mémoire de ceux qui nous ont précédés. Nous nous inclinerons, par fidélité. Et dans ce dialogue sacré, les paroles s’élèveront : “Que Dieu vous assiste.” “Que Dieu vous mette sur le droit chemin.” “Que Dieu vous agrée.” À chaque formule, une révérence. À chaque mot, un serment muet. Il n’y aura pas de discours. Mais il y aura une alliance renouvelée : celle de continuer à servir, à relier, à croire.