Skip to content Skip to footer

ou comment faire rayonner l’impossible

 

I.

On nous a appris à « frapper fort », jamais à « accueillir doux ».
Pourtant, regardez : le monde entier se lamente d’une carence qui n’a ni prix ni cote au compteur.
Je vous écris donc ce manifeste, nu-pieds sur le sol froid d’un open-space à Sidi Ghanem,
pour dire que la gentillesse n’est pas un accessoire,
c’est le noyau dur de toute entreprise qui se respecte,
la colonne vertébrale de toute innovation qui dure.  

 

II.

Étymologie du mot « gentillesse »  

Du latin gentilis : celui qui appartient au même peuple.
Traduisez : celui qui reconnaît l’autre comme sien.
Dans le langage des affaires, cela s’appelle : augmenter son capital jusqu’à l’humanité entière.  

 

III.  

Premier cas clinique  

Un matin d’octobre, à 9 h 14, la DG d’une start-up en dernier stade avant accélération s’effondre devant son écran, la tête entre les mains, écrasée sous le poids du monde.
Pas de bug en production.
Un message Slack, simple :
« Tu dois être fatiguée. Prends ton temps. On t’attend. »
Signé : le stagiaire qu’elle n’avait jamais regardé.
Ce jour-là, elle a corrigé trois failles financières en une heure,
inventé un process qui économise 13 % de budget,
et surtout : elle a décidé de ne plus jamais se crisper.  

Résultat : érosion du turn-over, explosion de la créativité,
et une levée de fonds qui s’est faite… en douceur.
Le marché n’a pas compris.
Les actionnaires, si.  

 

IV.

Archimède : Théorème de la gentillesse 

Soit A un être humain.
Soit B un autre être humain.
Si A traite B avec bienveillance, alors B devient A+, c’est-à-dire :
une version amplifiée, plus lucide, plus rapide, plus brave.
Preuve : tous les matins où quelqu’un vous a souhaité « bon courage »
et où, soudain, vous avez eu le courage.
Corollaire : la gentillesse est un bras à effet de levier.
Elle soulève des montagnes sans toucher la montagne.
Elle soulève des gens.  

 

V.

Cas pratique  

Un restaurant en faillite.
Le chef remplace la note « service compris » par un mot écrit à la main :
« Merci d’exister. »
Les clients ressortent le cœur plus lourd que l’estomac.
Ils reviennent. Ils ramènent des amis.
Ils postent. Pas de photo du plat, photo du mot.
Le restaurant renaît.
Pas grâce à la recette,
grâce à la respiration.  

 

VI.

Pensée de 19 h 32 du soir  

Dans les open-spaces vides, on entend le vent des climatiseurs.
Et parfois, on entend autre chose :
le cliquetis d’une idée qui naît
parce que quelqu’un, plus tôt, a dit « vas-y, je t’écoute ».
Ce bruit-là est plus précieux que le son de la caisse enregistreuse.
Il est le bruit de l’avenir qui se fabrique.  

 

VII.  

Petit manuel de lancement  

  1. Regardez la personne en face de vous. Vraiment.  
  2. Dites bonjour. Lentement.  
  3. Posez la question que vous avez peur de poser : « Comment tu vas, vraiment ? »  
  4. Attendez. Ne remplissez pas le vide. Laissez le vide vous remplir.  
  5. Répondez avec ce que vous avez : un mot, un sourire, un silence complice.  
  6. Observez l’effet domino. Il commence toujours plus tôt que prévu.  

 

VIII.  

Conclusion qui n’en est pas une  

Je ne vous demande pas d’être gentil pour faire le bien.
Je vous demande d’être gentil pour faire grand.
Grandir vos équipes, vos produits, vos chiffres,
mais surtout : grandir le monde qui vous entoure,
afin qu’il vous soit assez vaste pour y vivre longtemps.  

 

Alors, dès lundi, quand vous enverrez le premier mail,
quand vous croiserez le regard de quelqu’un,
quand vous inventerez la feature qui changera la vie,
commencez par cette ligne de code invisible :  

kindness = true;

 

Compilez.
Déployez.
Observez le monde se mettre à rayonner.
Et si jamais vous doutez,
rappelez-vous qu’il existe déjà un bug fix :  

if (kindness) {humanity++;} 

 

À vous de le pousser en prod.